Leur chant de rocaille dans la plaine mortelle résonne plus lugubrement qu'ailleurs.
Plus délicieusement aussi.
A Clinchamp les corbeaux sont bien mieux que de simples ombres des airs : ils incarnent par-dessus tout les hauteurs morbides et flamboyantes d'un azur semé de cailloux, peuplé de mythes et fleuri d'idées noires.
Un doux mélange de rêves de plomb et de réalités de plumes.
Comme un inextinguible crépuscule de flammes et de sanglots. Un cauchemar céleste d'encre et d'ailes. Un intarissable déluge de bleu et d'agonie.
Ils errent dans les lourdeurs de notre siècle et volent dans les légèretés de l'intemporel, menacent les hommes de leur lyre rauque et agrémentent les sillons de leur présence de roc, vont et viennent entre terre et brume, hantent les champs de leurs ténèbres et ôtent tout espoir de printemps, vivent heureux dans leur isolement d'ermites à la détestable renommée, croassant dans le ciel et trépassant dans la fosse.
Ce village de moribonds en sabots et d'horizons de deuil est le lieu idéal pour leurs comédies sinistres jouées devant un public de vaches et d'esthètes. Dans ce théâtre mortuaire, ces beaux oiseaux pleins d'envergure rayonnent comme des astres obscurs.
Leur violons grinçants bercent cette campagne de reclus et de crottés d'une musique funèbre qui enchante mon coeur d'initié, lorsqu'à l'aube ou en fin de journée je me perds dans les espaces de cette contrée mythique ayant sombré dans l'oubli et la torpeur.
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