A Clinchamp, derrière chaque coin isolé, chaque heure creuse, chaque brume
d'automne, chaque dimanche perdu, chaque mélancolie d'été ou chaque ombre
persistante, il y a une gerbe de joie, de la même manière qu'il y a une
immensité d'azur au-dessus des moindres peines et pesanteurs de ce monde.
Sauf qu'en ce lieu particulier de la Haute-Marne, ces prodiges intimes sont
décuplés, en vertu des spécificités extrêmes de ce village. Entre fade tombeau et
cité onirique, séjour d'ennui et ambiance lunaire, refuge de bovidés et jardin
d'esthète, ce clocher sera perçu par certains comme une impasse boueuse, par
d'autres comme un olympe lumineux.
Beaucoup de visiteurs trouveront mille raison de fuir cette campagne
mortelle, tandis que seulement quelques-uns de ces oiseaux de passage seront
séduits par la profondeur de ce trou et le vertige qu'il leur inspirera.
Ces rares éveillés à l'esprit libre et au coeur aérien verront des clartés
là où les frileux se heurteront au néant.
Seules les âmes supérieures, c'est-à-dire les hommes qui se savent dotés
d'ailes, sont capables de traverser le voile opaque de la matière pour accéder à
l'ivresse de l'éther.
Loin de la grisaille apparente, par-delà la grossièreté des choses que
capte l'oeil, plus haut que les certitudes horizontales, il y a l'évidence de la
lumière.
Bref, à Clinchamp plus qu'ailleurs, sous les pierres, au fond des fossés,
autour des foyers comme à travers champs, qu'il vente ou qu'il pleuve, que le
temps soit au printemps ou à la déprime, partout l'initié y entendra un chant,
un seul, toujours le même, inexprimable, émanant de l'infini, de l'invisible, du
ciel : celui de l'allégresse.
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