01 juillet 2023

53 - Les chemins de Clinchamp

Emprunter les chemins de Clinchamp, c'est aller à la découverte du ciel et des marécages tout à la fois, prendre les directions opposées des nuages et de l'ombre, se laisser emporter par l'horizon autant que par l'inertie.
 
On s'égare dans ses pensées les meilleures au bout de seulement quelques pas, quand on part si loin dans l'aventure locale...
 
Ce village enfoui sous des flots d'ennui, oublié du reste du monde, enseveli sous un dimanche éternel, est l'asile des oiseaux fatigués cherchant plus de légèreté, le refuge des âmes lourdes en quête de crépuscules consolateurs, le repos des promeneurs écoeurés par les voyages clinquants et consuméristes de la civilisation.
 
Je veux parler des vacanciers lassés des artifices et mensonges de ces royaumes fastueux et factices conquis à prix d'or entre juillet et aôut.
 
Ici, tout est authentique, gratuit, à portée des plus humbles. Le bonheur y est aussi proche que possible pour qui ne souhaite que l'essentiel. Et difficile d'accès pour le mortel qui ne voit pas que la richesse des choses est dans la simplicité, la sobriété, le dépouillement.
 
Parcourir ce pays à travers ses sentiers de poussière et de cailloux, c'est s'y enfoncer par la voie royale, la seule qui soit bordée de légendes, de vieilles racines et d'intemporel mystère. Ces secrets ne sont  révélés qu'à ceux qui prennent le temps de rêver, de vagabonder entre les fossés, les herbes folles, les buissons et les piquets ponctuant ces parcours aux apparences anodines...
 
Et qui ne craignent point de sentir l'odeur vraie des bouses de vaches.
 
Marcher là-bas, déployer ses ailes et se retrouver si vite en altitude, si haut en soi alors que l'on est pourtant encore si près du sol, c'est également effectuer un vol intérieur.

C'est prendre de la hauteur, les pieds profondément enracinés en cette terre de tous les départs poétiques.

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L'auteur du blog

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier".