03 septembre 2023

67 - Les oiseaux de Clinchamp

Quand tout est mort à Clinchamp et que plus rien n'est à attendre, quand le ciel devient l'égal des champs et que l'azur a le même poids que les vaches dans l'oeil du visiteur revenu de tout, quand à force d'ennui et d'inertie la lumière des hauteurs vaut autant que la poussière des chemins, il reste les oiseaux.
 
Pour ne pas tomber plus bas, pour continuer à espérer pouvoir s'envoler, avec ou sans eux.
 
Les volatiles de ce trou mortel, aussi ternes soient-ils, sont les derniers témoins de ce bout de la terre à nous montrer la voie royale : celle du voyage vertical.
 
Au-dessus des dimanches de plomb de cette contrée pétrifiée, des têtes étriquées des habitants de ce village et de leurs sabots prisonniers d'habitudes sans issue.
 
Ces êtres d'ailes et de plumes sont les seuls capables de se hisser jusque dans les rêves ultimes de ceux qui demeurent sempiternellement englués dans la vase des jours tous pareils et le vide sidéral des nuits sans espoir.

En effet, corbeaux et autres messagers des nuages s'éloignent des communes pesanteurs pour parcourir le firmament champêtre de ces lieux où vont et viennent humains et bovins, afin de rejoindre, là-haut, leurs secrètes pensées, précieux sentiments d'hommes et de bêtes, et leur en ramener la suprême essence.

Sous forme soit de chant rauque, soit de flamme onirique.

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L'auteur du blog

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai survolé l'Univers d'une plume grave et loufoque, limpide et fulgurante, lucide et légère, aérienne et "enclumière".