01 février 2023

3 - Clinchamp, l'air de rien

Clinchamp est un rêve perdu à la beauté âpre, un éden austère aux promesses d'agonie, un long crépuscule aux lendemains sans surprise...

Un jardin de vent semé de solitude, chargé de cailloux, enrichi de brume.
 
Et fleuri d'aubes humides, illuminé de clartés ambigües, agrémenté d'éclatante grisaille.
 
Le tout, généreusement arrosé de mélancolie.
 
Avec pour seul allégement, un ciel peuplé d'oiseaux sombres.
 
Le paysage, apathique, dénudé, monotone, n'est qu'un râle infini. L'atmosphère est celle d'un cimetière : dans cette campagne moribonde la paix règne en maître et le silence est aussi lourd que des montagnes.
 
Là-bas l'absence rempli tout et la mort semble être l'unique souffle présent au bord des chemins ou au fond des bois.
 
Un monde sans histoire mais plein de sens pourtant, avec son océan de langueurs comme une éternité de quiétude, ses airs de modestie sous l'immensité de son espace et ses horizons bien plus vagues qu'ailleurs...
 
J'ai succombé au charme glacial de ces lieux, comme tous les amoureux des terres sans gloire.
 
Je suis un assoiffé de lumière épris d'ombre, de nuages et de grêle. Un fou d'azur en quête de pluies, de bruine, de flots aériens : je rêve de ces ondes fraîches qui palpitent dans les hauteurs pour mieux revigorer la vie d'en bas. En tombant sur ma tête ces averses abreuvent mon âme d'une joie sans égale et provoquent en moi une ivresse aussi pure que la neige.
 
En ce pays lointain j'ai trouvé de quoi déployer mes ailes : ce royaume aux apparences de vastes banalités est un jour à conquérir, un brouillard à éclairer, un songe à déterrer.
 
Un soleil sous l’humus.

Une page vierge à la mesure de ma plume.

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L'auteur du blog

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier".