31 mai 2023

47 - Clinchamp, ce voyage sans fin

Se rendre à Clinchamp avec l'idée d'aller voir ce qui s'y passe, ce qui s'y trouve et surtout d'y demeurer assez longuement pour y éprouver l'effroi, l'ennui ou bien l'émerveillement, et de considérer cela comme un voyage initiatique, c'est plonger dans un trou inconnu en même temps qu'en soi-même.
 
Une exploration intérieure palpitante ou bien mortelle, mais aussi une aventure dans les obscurités et lumières insoupçonnées d'un quotidien aussi glorieux que misérable.
 
Ce village au sommet de tous les vents périmés, en retard de toutes les modes, à l'avant-garde des pensées ancestrales, champion des vieilles torpeurs, au premier plan des archaïsmes est la capitale mondiale des rêves et cauchemars tout en verdure et ciels gris.
 
Ici le pèlerin en mal de vaches banales et d'air léthargique découvrira, en plus de ces cadeaux à prix dérisoires, l'immense trésor des dimanches de mort, ces jours noirs qui l'emmèneront loin, soit dans les nuages, soit dans la bouse.
 
Et sous ses pieds, s'il a un peu de chance, tout en marchant il reconnaîtra la terre promise, ignorée du reste du monde, où se posent les sabots des gens heureux, aussi pesants que des enclumes, avec leur coeur léger, leur vie simple, leurs regards comblés.
 
Dans ce clocher où l'on naît anonyme, où l'on meurt si proche des étoiles, où l'on revient même peut-être après la tombe, les autres pensent que l'on y a tout perdu à n'y rien faire, alors que le moindre crotteux y a tout gagné au contraire, après y avoir passé cent ans à regarder l'azur et le cul des bovins avec des yeux pareils aux humbles élus qui sont dans la grâce.

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L'auteur du blog

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier".