12 juin 2023

49 - Clinchamp sous les clartés lunaires

Lorsque le clair de Lune illumine les nuits de Clinchamp, de drôles d'oiseaux sortent de leur trou.
 
Il s'agit en réalité des figures ancestrales des lieux, personnifiées à travers les formes floues, les lignes vagues, les traits pâles issus de l'obscurité.
 
Des vieilles légendes enfouies sous des siècles d'isolement et de silence. Avec des parures d'un autre temps, des tournures désuètes, du vieux français et des rêves à la mesure du modeste clocher. Ce sont des histoires nées de plumes envolées, qui se réveillent sous le cierge sélène.

Et pour peu que vous soyez attentif aux mystères nocturnes de ce village perdu au fin fond de la Haute-Marne comme une fosse sombre au milieu d'un champ de ternes patates, cela changera le paysage de votre âme. 
 
Vous prendrez de la hauteur pour voir des horizons plus vastes, percevoir des vérités plus nettes.
 
Ou des contes plus tangibles.
 
Et vous découvrirez alors des ombres légères sous les pierres. Ou bien d'étranges visages derrière des arabesques végétales plongées dans les ténèbres. Ou encore des ailes inexpliquées au-dessus des toits et des chemins, qui font des bruits de bêtes ou de spectres...
 
Oui, quand l'astre lunaire éclaire ce monde reclus aussi plat que possible, mille petits miracles surviennent sous les pas éthérés et au-dessus des têtes lumineuses des visiteurs éveillés, entre minuit et les fraîcheurs de l'aube.

Au matin, après tant de mirages et de fééries, d'heures vertigineuses et de voyages imaginaires, de flammes oniriques et de hauteurs poétiques, vous ne serez plus trop certain si votre aventure aura été toute intérieure ou bien si vous aurez réellement marché sous le regard énigmatique de ce fantôme globulaire, là-bas sous le ciel endormi de Clinchamp.

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L'auteur du blog

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier".