13 mars 2024

101 - Clinchamp, une histoire sans fin

En ces terres mystérieuses de Clinchamp où depuis mille ans tant de secrets ont été aperçus, entendus, imaginés, et d'autres jalousement préservés de la curiosité du monde, que restera-t-il une fois ce présent chapitre refermé ?
 
Quelles autres graines pourraient donc germer, que ces mots semés aujourd'hui dans ces pages consacrées à un si humble village ? Ces semences oniriques iront-elles d'ailleurs réellement refleurir, aussi modestement que ce soit, dans ces lointains lendemains que l'on devine sans plus de gloire qu'hier ?
 
Dans ce clocher où tout demeure profondément enfoui dans les ténèbres des jours plats, enraciné dans la simplicité la plus brute, il serait vain et naïf d’espérer voir apparaître des vagues plus hautes que sa girouette rouillée.
 
En ces espaces anonymes et bornés de la Haute-Marne qui ont été survolés par une multitude d'oiseaux ordinaires ou étranges, visités par quelques rares esthètes, hantés par des légendes plus ou moins tangibles et même peut-être ébranlés par on ne saura combien d'autres rêves sages ou fous, que retiendra le futur engagé sur de bien plus vastes chemins que les sentiers étroits de cette minuscule contrée ?
 
Ne nous leurrons pas : l'oeuvre des siècles peu à peu effritera même les montagnes et tout retournera au silence des tombes. Hommes et pierres seront à égalité dans l'ensevelissement général.
 
Après les fracas du vent et le passage du temps, il ne règnera que l'ombre des choses.
 
Bref, ces histoires seront rendues à la poussière comme tout ce qui existe sur la planète.
 
A moins que, ici et là, par banal hasard ou par pur amour, les âmes de quelques lecteurs ayant le goût de l'aventure, le pressentiment de l'éternité, la certitude de la survivance de la poésie, n'emmènent avec elles les flammes que ma plume a allumées, pour les rendre immortelles, inextinguibles, brûlantes, longtemps après leur mort physique.

Afin que le mythe de Clinchamp ne connaisse jamais de fin, je leur demande d'emporter avec eux, jusqu'au paradis, mais rien qu'au paradis, le souvenir de cette providentielle lecture.
 
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L'auteur du blog

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J'ai embrassé tous les aspects du monde, du gouffre le plus bas au sommet le plus glorieux, de l'anodin au sublime, de la bête au divin, du simple caillou à qui j'ai donné la parole jusqu'au fracas galactique que j'ai réduit au silence devant un battement d'aile. Je suis parti du microcosme pour me hisser jusqu'aux astres, sans omettre de poser mon regard à hauteur de vos boutons de chemise. J'ai exploré les vices les plus baroques autant que les vertus les moins partagées, je suis allé sonder les petits ruisseaux mentaux de mes frères humains mais aussi les fleuves nocturnes de mes chats énigmatiques. Je suis allé chercher le feu olympien à droite et à gauche, m'attardant à l'occasion sur mes doigts de pied. J'ai fait tout un fromage de vos mesquineries de mortels, une montagne de mots des fumées de ce siècle, un pâté de sable de vos trésors. L'amour, la laideur, la solitude, la vie, la mort, les rêves, l'excrément, le houblon, la pourriture, l'insignifiance, les poubelles de mon voisin, le plaisir, le vinaigre, la douleur, la mer : tout a été abordé. J'ai embrassé l'Univers d'un regard à la fois grave et loufoque, limpide et fulgurant, lucide et léger, aérien et "enclumier".